Jérémie a écrit :Salut!
ça fait quelques temps que je bave devant les appareils moyen format, et que je me dis que je prendrais un pied énorme avec un de ces bijoux. Mais je n'y connais presque rien, alors voici mes questions :
- y a-t-il moyen de faire du moyen format avec un budget raisonnable? Mine de rien, je reste étudiant, alors...
Sans aucun doute, vu la frénésie sur le numérique, le prix de vente de ces merveilles en occasion s'est effondré.
Jérémie a écrit :- Dos numérique ou scanner? y a-t-il des scanners à négatifs qui acceptent cette taille?
Dos numérique, avec ton "budget étudiant", passes ton chemin!
Les scanners films moyen format sont aussi rares que coûteux (premier prix: Nikon LS 9000 = 2500 €), par contre, hormis quelques problèmes (parfois gênants) de planéité du film et quelques bizareries colorimétriques, les scanners à plat "haut de gamme" (à partir du
Epson 4490 photo, voire, bien mieux, le
Epson Perfection V750 Pro) donnent de très bons résultats avec des négatifs (ou, mieux, des positifs) de grande taille pour un budget "raisonable".
Jérémie a écrit :- avez-vous des expériences dans le domaine?
Oui.

Jérémie a écrit :- est-ce facile de trouver les film/le matériel/le conseil? région lausannoise, par exemple?
Ça, aucune idée, car je suis francillien, mais n'est-tu pas exilé du côté de la "perfide Albion"? Le moyen format a toujours été assez développé par là-bas.
Jérémie a écrit :'ai trouve un Bronica ETRS d'occase avec un dos, une optique, un viseur de poitrine, et une poignee pour environ 800 CHF. C'est un peu cherot, et j'ai pas la somme maintenant, mais c'est deja une base pour calculer mon budget.
Les Bronica sont de beaux appareils, bien finis, mais ayant une réputation de fiabilité "moyenne", comme la marque a disparu il y a un an ou deux, en cas de panne... Par contre, si ça marche, c'est très bien.
Les questions importantes à te poser sont:
- Moyen format pour quoi faire?
Paysage, reportage, nature morte en studio, portrait? Ça va conditionner le type d'appareil, car comme le souligne Saluki, en paysage, si tu dois avoir trois sherpas pour porter le matos...
- Quel format?
Le moyen format, c'est un type de film, le 120, qui mesure 6 cm de large et dont, en fonction de l'appareil on peut faire à peu près n'importe quoi: 4,5 x 6, 6 x 6, 6 x 7, 6 x 8, 6 x 9, 6 x 12 et même 6 x 17! Seul change le nombre de vues que l'on peut faire sur un film (de 16 à 4)
Le 4,5 x 6 et le 6 x 9 (le double) proposent un ratio de 1,5, identique au 24 x 36, le 6 x 6 est carré, très particulier et si caractéristique. Evidement, plus le format de prise de vues est grand, plus l'appareil est encombrant!
- Quel type d'appareil?
- Un réflex mono-objectif:
du genre Hasselblad ou Rollei (6 x 6), Mamiya ou Pentax (4,5 x 6, 6 x 7), Bronica (4,5 x 6, 6 x 6).
Famille la plus nombreuse et la plus variée des moyens formats, le budget, même d'occasion, peut gonfler considérablement, plutôt à l'aise dans le studio.
Avantages:
Objectifs interchangeables (du fish-eye au télé en passant par le macro), dos interchangeables (possibilité de passer du N+B à la couleur, dos Polaroid, pour le contrôle immédiat), pour les plus récents, appareils modernes équipés d'une cellule TTL, de la mesure TTL du flash, d'un moteur d'entrainement (bruyant, très bruyant), voire de l'autofocus (poussif et très cher, sans grand intérêt), d'automatismes (débrayables, bien sûr!) d'exposition, confort de visée extraordinaire.
Inconvénients:
Lourds, encombrants, chers, bruyants (ahh, le CLAK-BROUUUM du miroir d'un Mamiya RB 67!), prévoir un sherpa pour le paysage.
- Un réflex bi-objectif:
genre
Rolleiflex, Mamiya C220 ou C330, Yashicamat 124.
Un grand classique! Indémodable (et tellement désuet

)
Avantages: format 6 x 6, léger, peu encombrant, peu coûteux, visée "sur le ventre", à la fois plus discrète et plus "humaine" (pour un portrait en pied, le point de vue est au centre de symétrie du sujet: pas de contre-plongée écrasante).
Inconvénients: format 6 x 6 (cadrer carré, c'est assez spécial, à moins d'être borgne ou cyclope, on n'est pas habitué), matériel ancien, donc quelques risques de pannes non réparables, peu ou pas évolutif (objectif non interchangeable dans la plupart des cas), pas de cellule intégrée ou du moins pas TTL (à travers l'objectif), donc prévoir l'acquisition d'une cellule (et apprendre à s'en servir...), pas de dos interchangeable, visée inversée gauche-droite (...faut s'habituer).
- Un télémètrique:
Mamiya 6 (6 x 6), Mamiya 7 ( super-panoramique 24 x 65mm, 6 x 7 cm), Fuji (4,5 x 6, 6 x 7, 6 x 8, 6 x 9, méga-panoramique 6 x 17).
Famille assez restreinte mais très intéressante de part la compacité des boîtiers, idéal pour le reportage ou le paysage)
Avantages:
Compacts et légers, parfois équipés d'une cellule, visée claire
Inconvénients:
Visée peu précise (cadres dans le viseur, paralaxe), mise au point difficile quand on n'est pas habitué au télémètre, pas de macro.
Un OVNI dans cette famille:
Cette petite merveille de 4,5 x 6 est sortie trop tard pour connaitre le succès qu'elle méritait. Entrainement du film mototisé, zoom, autofocus, flash intégré, cellule avec automatismes d'exposition, dispositif pour écrire, dans l'espace inter-images, la date, ou les paramètres de prise de vue ( vitesse / diaphragme), compact et léger, pas cher (toutes proportions gardées, hein!), avec un viseur très déroutant: quand on prends l'appareil horizontalement, la visée est verticale!
- Un super-pas-cher:
Si si, ça existe, soit un Lubitel,
un Holga
ou un Seagull, pour les productions récentes de pays "de l'est",
soit un Agfa "Clack"
j'en possède un qui fait de "magnifiques" 6 x 9, hyper-léger et très, très bon marché dans les brocantes ou aux puces (j'ai payé le mien moins de 6 euros!).
Ou encore un "folding" 6 x 9
dont l'optique était souvent très bonne, attention cependant à l'étanchéité du soufflet et surtout au format de film: nombre de ces appareils mangeaient du 620, film en bobine de taille très proche du 120, mais avec de petites différences qui font qu'il est presque impossible de les utiliser avec un film 120 (évidemment, le 620 n'est plus commercialisé!)
Bien sûr, dans ces catégories éco, on en a pour son argent! Les optiques vont de moyennes à pourries (on appelle ça des "culs de bouteille"), le choix de réglage très limité (par exemple, l'Agfa Clack a une vitesse + pause "B", et 3 trous de diamètres différents pour le diaphragme (soleil, soleil + nuage, nuage), les viseurs sont dégueus... Par contre, c'est vraiment pas cher, très léger, simple d'usage, très robuste, et ça peut faires de belles photos quand même, la taille du négatif aidant!
- Les chambres
Famille nombreuse et ancêtre de tous les appareils photos, il est possible, sur certains modèles, d'utiliser un dos pour film 120, pour faire du 6 x 9 ou du 6 x 12.
Avantages:
Visée incomparable (on vise sur un dépoli qui fait la taille du film!), possibilités "techniques" sans égal (
décentrement, bascule), très grand choix d'objectifs (les optiques de chambres sont toutes interchangeables, pour peu qu'elles couvrent le format du film et que l'on aie la bonne planchette d'adaptation!), mise en oeuvre fastidieuse (et oui, je le met dans "avantages" parce que la complexité d'utilisation est le garant que l'on va s'appliquer, soigner son cadrage, sa mesure de la lumière...), look d'enfert!
Inconvénients:
Poids, encombrement, mise en oeuvre fastidieuse (trépied obligatoire, mise au point à la loupe, la tête sous le voile noir, réglages longs), image à l'envert sur le dépoli (tête en bas! ça fait tout drôle), cher, assez cher neuf (mais on peut faire de très bonnes affaires d'ocasion), pas super discret.
-Pourquoi choisir le moyen-format?
La taille des films permet de grands agrandissements, sans grain.
Les optiques de grandes marques sont vraiment exellentes (pas comme les pôvres zooms "pro" bourrés de défauts optiques - vignetage, distortion, flare, abération chromatique...-)
C'est lourd, on l'a bien en main.
La visée est vraiment très agréable.
La finition, la qualité de fabrication des appareils est souvent magnifique (un "Blad", c'est vraiment un grand plaisir tactile).
Outil professionnel, c'est robuste, simple, efficace (pas de gadgets, à part quelques petits pièges, pas besoin de lire le manuel).
Le fait que ça soit plus "inconfortable" (pas de zoom, trépied souhaitable, voire indispensable, pas de cellule intégrée, pas d'automatismes, moins de vues sur les films) que le 24 x 36 (ou pire, que le numérique) oblige à des efforts de concentration qui ne peuvent qu'améliorer la qualité des prises de vues.
Les optiques, de plus longue focale qu'en 24 x 36 (sur un 6 x 6, l'équivalent de notre champ de vision est donné par un 80 mm, en 24 x 36, c'est le 45 mm) ont moins de profondeur de champ à distance et cadrage identique: on a plus de relief.
Pour ma part, j'utilise assez peu ces appareils: tant qu'à s'encombrer et à s'emmerder avec des réglages, je préfère la chambre, un minimum de 20 minutes pour une photo, je trouve ça super! et les possibilités de réglage sus-mentionnées sont vraiment fabuleuses...
z (un poil long, non, comme réponse?)