T'as boulé?

Publié : 28.08.2004 - 20h38 par Iris

MARY a écrit :Tiens, qui peut nous donner la recette d'un authentique Taboulé,...


Authentique, authentique, c'est pas garanti. Peut-être que des Cukiens de là-bas vont y trouver à redire. Tant pis, je me lance.

J'ai trouvé plusieurs recettes de taboulé qui concordaient en ce qui concerne les ingrédients.
Par contre, elles variaient quant à la méthode de trempage du boulghour: eau froide ou eau bouillante? 10 ou 30 minutes? Si vous avez de l'expérience la-dessus, exprimez-vous!

Pour 6 personnes:

- 150 g. de boulghour (blé concassé)
- 4 tomates
- 4 oignons frais
- 3 citrons
- 2 bouquets de persil plat haché ( il a plus de goût que le frisé)
- 1 bouquet de menthe fraîche ciselée
- 6 cuillères d'huile d'olive
- sel, poivre

Ça c'est pour les incontournables.
Mais si la fantaisie vous pousse à ajouter un poivron ou un concombre en petits cubes ou une gousse d'ail, allez-y. (Mais non, pas tout ce qui traîne...)

* Laissez gonfler le boulghour soit 10 min. dans l'eau froide, soit 30 min. dans l'eau bouillante. Egouttez.
* Epépinez les tomates et coupez-les en dés. Epluchez et hachez les oignons, ciselez les herbes.
* Fouettez le jus des citrons, l'huile d'olive, le sel et le poivre et versez sur le boulghour.
* Ajoutez les légumes coupés et mélangez bien. (Intimement, on dit.)
* Couvrez et mettez 2-3 heures au frigo. A servir bien frais.

A toi, Renan! Image


Publié : 28.08.2004 - 21h01 par MARY

Pour les ingrédients, cela m'a l'air tout à fait correct.
J'ai reçu il y a une quinzaine d'années un jeune couple de libanais, ils nous ont eux-mêmes confectionné leur taboulé . Ils ont voulu du boulghour "fin", des tomates,de l'huile d'olive ( beaucoup!), du sel, du poivre, des citrons du jardin et SURTOUT un gros bouquet de persil ( je ne me rappelle plus s'il était plat ou non) et un GROS bouquet de menthe du jardin ( c'était de la mentha spiccata, j' en ai toujours).
Ils ont coupé à la main le persil et la menthe pendant un temps qui m'a paru très long.
C'était très bon, très rafrîchissant... depuis, je le fais comme ça. Et jamais de graine à couscous pour cette recette.


Publié : 01.09.2004 - 4h15 par Okazou

Pré-scriptum : Désolé, les filles. J'avais fait un texte pour le taboulé mais je ne l'ai pas posté à temps et ça m'ennuie de le jeter. Je vous le colle comme il était, même si ça fait doublon. En fait, la recette que je propose recoupe vraiment la-tienne, Iris, et les remarques de Marie-Germaine. Bien sûr, comme souvent, on saura que ce texte ne peut qu'être de moi…
Promis, je tâcherai d'être plus rapide la prochaine fois ! :?

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Le taboulé

Un ami, d'origine libanaise, nous régale d'un taboulé qui n'a — heureusement — rien de commun avec les produits de l'industrie agro-alimentaire qui encombrent les rayons des supermarchés sous des étiquettes de la plus pure fantaisie.
S'attaquer au vocabulaire, détruire le sens même des mots, c'est faire perdre toute référence culturelle à l'homme qui en éprouve la nécessité pour juger son environnement et prendre la juste mesure de sa vie, notamment dans sa qualité. Tuer le verbe, c'est attenter à la vie même.

Ainsi, les industriels de l'agro-alimentaire ont-ils décidé, après avoir mesuré coûts et bénéfices — seules références « valables » à leurs yeux — de substituer à un mets porteur d'histoire, de coutumes et de traditions, un produit simplement rentable. Une manière de salade à base de semoule de couscous. Les mêmes marchands incultes, obtus et cyniques, n'avaient éprouvé, il y a quelques années, aucune gêne à modifier le genre du mot « enzyme ». Souvenez-vous des « enzymes gloutons » sensés grignotter les dernières particules de saleté de votre linge. Ils ont également décidé de baptiser, sur une motivation tout aussi vénale, de nommer « coquille st-jacques » de vulgaires pétoncles, chlamys islandica, zygochlamys patagonica ou argopecten purpuratus, piètres concurrents du sublime et inimitable pecten maximus des côtes européennes atlantiques. Ils polluent le chocolat avec des graisses végétales rentables. Aujourd'hui, ils décident de baptiser « taboulé » une invention quelconque mais rentable qui n'a RIEN de commun avec le taboulé. C'est mépriser la culture millénaire des hommes du Moyen-Orient. C'est donc nous mépriser.

La politique, ça commence dans mon assiette.

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Le taboulé est du Moyen-Orient, c'est incontestable. Mon ami affirme qu'il est purement libanais (phénicien, même). D'autres le voient apparaître entre Liban, Irak et Syrie. Ne tranchons donc pas.

Au Liban, le taboulé est un des mezzés les plus connus. Un mezzé, c'est un ensemble de hors-d'œuvres qui peut atteindre, lors de grandes cérémonies, une centaine de plats. Les falafels — boulettes de pois chiche, — et le houmous (prononcer « omosse ») — purée de pois chiche — en font partie, au côté du taboulé.

Lorsqu'un plat de taboulé vous est présenté, le vert domine largement. C'est en effet un plat riche en herbes aromatiques. Mais voyons les composantes courantes du taboulé.

— Boulghour : blé germé, brun ou blanc, précuit et concassé grossièrement ou finement.
— Menthe fraîche. Il en existe dans nos contrées une douzaine d'espèces.
— Persil plat. Le persil frisé est très décoratif. Le persil plat a plus de saveur.
— Ciboulette ou oignon blanc entier, avec ses tiges vertes.
— Tomate du marché ou du jardin. Les seules qui méritent ce nom. Celles de l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique, trop souvent au service de la FNSEA - syndicat agricole majoritaire, productiviste et très porté à droite) sont les pires.
— Citron. Commun, jaune.
— Huile d'olive. L'huile « Lesieur » offre, même si cela étonne, un excellent rapport qualité/prix.
— Sel et poivre.
— Une salade. Laitue, romaine ou scarole.

Pas de semoule de couscous, pas de poivron, pas de raisins secs. Pas de poulet, pas de thon, pas de fromage, pas d'œufs. Oui, oui, j'ai vu tout ça !

La mise en œuvre est assez simple :

Pour 4 convives
— Dans un plat… plat, répartir l'équivalent d'un verre à moutarde de boulghour brun à mouture fine et l'imbiber d'un volume semblable d'eau pour le faire gonfler. Trente minutes à une heure, au frais ;
— Hacher menu les herbes (un beau bouquet — c'est ainsi — de chaque mais un peu moins de ciboulette) et les oignons blancs ainsi que leurs tiges, si on les préfère à la ciboulette. Tout au couteau. On évitera tout hachoir électrique qui ne donne que de la purée ;
— Monder et épépiner les tomates (2 ou 3 selon grosseur) pour en garder la pulpe que l'on détaille en petits dés ;
— Peler un citron à vif. On enlève l'écorce à la lame fine jusqu'à atteindre la pulpe puis on détaille chaque tranche en oubliant les peaux intermédiaires. La pulpe est détaillées grossièrement. On ajoutera du jus d'un autre citron si jugé bon ;
— Éliminer le surcroît d'eau du boulghour. Certains le pressent dans un torchon fin.
— Mélanger les ingrédients.
— Ajouter l'huile d'olive selon ses préférences.
— Saler et poivrer selon ses goûts.

Le taboulé se déguste frais. Il pourra attendre un peu au frigo. Si l'attente devait être un peu longue, on n'ajoutera la tomate et le citron, ainsi que l'huile d'olive, que peu de temps avant de servir pour que le taboulé reste un peu sec.

Dernier point important : pour le manger, on prend une feuille de salade et l'on saisit avec elle une certaine quantité de taboulé dans le plat avant porter le tout à la bouche. La feuille de vigne est également utilisée.

Et voilà ! Avec cette recette vous aurez probablement dégusté votre premier taboulé authentique. D'une fraîcheur exquise.

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Post-scriptum : avec la recette d'Iris peut-être avant !


Publié : 01.09.2004 - 21h34 par Iris

Okazou a écrit : Bien sûr, comme souvent, on saura que ce texte ne peut qu'être de moi…


En effet: clair, précis, argumenté, déterminé; pas de doute, c'est bien de toi!

Un ami, d'origine libanaise, nous régale d'un taboulé qui n'a — heureusement — rien de commun avec les produits de l'industrie agro-alimentaire qui encombrent les rayons des supermarchés sous des étiquettes de la plus pure fantaisie.


Le lobby agro-alimentaire est décidément très fort pour nous enfiler des produits dénaturés, misérables plagiats d'authentiques trésors culinaires.

Le développement (et le succès, hélas) des plats "tout préparés" (où la seule gloire de celui qui le sert est de savoir allumer le micro-ondes) devient carrément inquiétant quand on sait la quantité de sel qu'on nous fait ingurgiter par ce biais. Comme par hasard, c'est là que l'industrie pharmaceutique prend le relais pour nous vendre les derniers-nés de sa production contre l'hypertension et les troubles cardiaques par exemple... "Le sel, tueur silencieux" titrait il y a quelques temps une émission de consommateurs. A méditer!


La politique, ça commence dans mon assiette.


Eh, oui. Et là, on rejoint ton post sur les OGM. Tout est lié dans une désastreuse cohérence. :(

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Merci en tous cas pour toutes tes précisions.
Un beau week-end d'été indien s'annonce; il n'en faudra pas plus pour déguster ce taboulé avec quelques compagnons. :wink:


Publié : 01.09.2004 - 21h52 par Iris

Bon. Y fait soif Renan.
Et avec ça qu'est-ce qu'il nous propose le sommelier?
Un petit thé de menthe?


Publié : 02.09.2004 - 22h36 par MARY

Okazou, merci de tout ce que tu nous dis-là ! Je n' ose parfois plus prendre la parole ainsi, mais que ça fait du bien de n' être pas seule à prêcher! ( dans le sens noble du terme)
Bon, en tous cas, ton boulghour est divin, une merveille pour nous autres pauvres méditerranéens qui tiront la langue vers un hypothétique nuage depuis tant de semaines! (mi-juin)
J' ai utilisé mes derniers citrons du jardin, et la dernière ciboulette échappée à la sècheresse.
pour les tomates, ça va, on a ce qu'il faut; Idem persil et menthe ( j' en ai eu du plat) .
J' ai respecté exactement tes proportions.
Merci, donc!


Publié : 02.09.2004 - 22h48 par MARY

— Huile d'olive. L'huile « Lesieur » offre, même si cela étonne, un excellent rapport qualité/prix.


Okazou, tu parles comme " Que Choisir ?" !
Pour l'huile d'olive, je préfère aller la chercher à un certain pressoir... je la paie fort cher, mais les olives sont triées à la main. Et alors, quel goût !
Mais à vrai dire, je n' ai pas encore goûté l'huile Lesieur. Merci du renseignement.
Pour manger le taboulé roulé savamment dans la feuille de laitue, nous avons des progrès à faire. Le
contenu avait terriblement tendance à glisser sur nos genoux; et je ne parle pas de l' état de la nappe! Mais c' est comme les baguettes pour manger le riz, il faut de l' entrainement, n'est-ce-pas...


Publié : 06.09.2004 - 3h13 par Okazou

Bon, le taboulé, ça inspire !

J'ai rencontré, la semaine dernière, un autre ami qui vit au Liban et qui m'a donné quelques précisions.

On dit LE ou UN mezzé. Non pas LES mezzés. Le mezzé est l'ensemble des plats que l'on déguste au Liban en fin de journée, vers 18 heures, en attendant le souper de 22 heures. Un peu l'équivalent, m'a-t-il dit, des tapas et du gazpacho en Espagne. Pays chaud oblige.

Les proportions les plus usitées pour les herbes du taboulé sont : 1 gros bouquet de persil plat qui représente à lui seul la moitié des herbes ; 1 bouquet de menthe qui représente 1/4 des herbes ; 1 bouquet de queues d'oignons blancs frais (à préférer à la ciboulette) qui représente le dernier quart des herbes.

Pour la dégustation, les feuilles de salade s'imposent bien et le taboulé n'est pas servi sans elles mais des fourchettes sont gentiment proposées à qui préfère. C'est un peu comme les baguettes en Asie. D'ailleurs, lorsque je fais des rouleaux de printemps, je les mange avec les doigts (j'adore ça !) en les enroulant dans une feuille de salade. Je pense que lorsque les habitudes locales sont adoptées, c'est bien meilleur ! Entraînons-nous.

Enfin, on boit généralement de l'arak, le pastis local, en dégustant le taboulé et les autres plats du mezzé.
L'arak est un distillat de jus de raisin (70°) auquel on ajoute de l'anis. On le fait vieillir dans des jarres de terre cuite.

Mon ami le coupe généreusement d'eau pour le consommer.:wink:

Il est vrai, Marie-Germaine, que les meilleures huiles d'olive proviennent de variétés d'olives produites par de petits récoltants qui ont su obtenir des crus dignes de ceux du vin. Quelle chance de pouvoir les rencontrer ! Quant à l'huile d'olive Lesieur, il est possible que ma remarque soit venue d'une lecture d'un numéro de Que choisir ? traitant du sujet…

Tes remarques sur le sel sont importantes, et même vitales, Iris. D'une manière générale, je m'attache à employer de bons produits. On en consomme moins car ils ont plus de goût et la satiété arrive plus vite. Pour le sel, c'est pareil. Avec un bon sel, on sale moins.

Enfin, je suis ravi que nous ne nous contentions pas dans ce forum « Cuisines du monde » d'échanger des recettes. Vos remarques donnent une autre dimension à la cuisine et c'est vraiment bien. Merci, les filles, je vous embrasse ! :D


Publié : 26.09.2004 - 13h27 par Renan

Bon bon, mieux vaut tard que jamais :mrgreen:

Pour le taboulé, je trouve qu'il est difficile de mettre un vin s'accordant parfaitement. Car, et je l'avoue, je préfère un coca bien frais avec un plat estival comme le taboulé. Pitié, soyez indulgent :mrgreen:

Pour ceux qui ne désirent pas prendre un thé avec ce met, je peux leur proposé un rosé relativement structuré, avec néanmoins une pointe d'acidité. Je peux notamment vous conseiller un rosé de la maison Tavel (Côtes du Rhône) qui sont LA référence en matière de vin rosé. Pour les non-amateurs de rosé, un vin blanc possédant une acidité alliée à une rondeur en bouche serait le meilleur choix.


Publié : 26.09.2004 - 21h13 par Iris

Renan a écrit : je préfère un coca bien frais avec un plat estival comme le taboulé. Pitié, soyez indulgent :mrgreen:


Image A ta santé! :wink:


Publié : 18.11.2004 - 16h57 par Zit

OKAZOU a écrit
Pas de semoule de couscous, pas de poivron, pas de raisins secs. Pas de poulet, pas de thon, pas de fromage, pas d'œufs. Oui, oui, j'ai vu tout ça !

Tout à fait d'accord pour les aliments d'origine animale, mais quelques raisins secs gorgés de rhum, un demi poivron jaune pour la couleur ne me paraissent pas être sacrilèges.
Pour ma part, j'ai tendance à "charger" le taboulé, en plus des éléments sus-mentionnés, je rajoute :
- de la coriandre fraiche ciselée
- des graines de sésame et des pignons
- une pomme pelée coupée en petits dés (trempés 1h dans de l'eau salée pour ralentir l'oxidation)
- beaucoup d'huile d'olive, c'est sur, mais aussi un peu d'huile de colza, de pépins de raisin, et un tout petit peu d'huile de sésame
- pour les oignons, les faire tremper une heure dans du vinaigre balsamique salé va leur oter l'acidité
- pour le boulgour, je préfère la méthode "bouilli" car on peut parfumer l'eau de cuisson avec 1 batonnet de canelle et 1 clou de girofle (ne pas oublier de l'enlever après la cuisson!)

c'est un plat qui se bonnifie avec le temps, c'est pourquoi j'en fait toujours un hénaurme saladier! vivement l'été![/quote]


Publié : 19.11.2004 - 5h08 par Okazou

> Zit

Décidément, tu aimes les variantes. C'est très bien et je ne me gêne pas de modifier une recette lorsque je trouve un peu d'imagination c'est-à-dire pas tous les jours ;-) Mais lorsque je sors des sentiers battus, je rebaptise le résultat que j'obtiens ou alors je place un très personnel « Mon » devant le nom de la recette initiale. Mon osso-bucco milanese n'est pas l'osso-bucco de tous les Milanais. Loin s'en faut. Simplement, cela signifie que je ne m'éloigne pas trop de la recette « historique ». Si j'ai été très imaginatif, je colle en titre « Osso-bucco », tout simplement, comme je mettrais « Pot-au-feu », sachant pertinemment qu'il existe une recette de pot-au-feu par exécutant.

Cela dit, la coriandre, les graines de sésame et les pignons n'ont rien d'intrus dans le paysage libanais. En revanche, le vinaigre balsamique… Pour le boulgour, tu as mille fois raison.